Une réserve écologique, c’est avant tout un territoire conservé à l’état naturel: une île, un marécage, une tourbière, une forêt, un bassin hydrographique, etc. Tous les sites choisis présentent des caractéristiques écologiques distinctives.
Dans certains cas, il s’agit d’un milieu où les sols, les dépôts de surface, les végétaux et la faune s’intègrent bien dans un ensemble représentatif des caractéristiques naturelles d’une région. Dans d’autres, le statut de réserve écologique permet de sauvegarder des espèces fauniques ou floristiques rares ou menacées, ou encore des sites exceptionnels. Dans tous les cas, on peut véritablement parler de musées naturels où la conservation, la connaissance scientifique et, quand c’est possible, l’éducation sont privilégiées.
Certaines réserves écologiques actuelles sauvegardent de façon intégrale et permanente des milieux naturels fragiles ou rares au Québec. La réserve écologique de Pointe-Heath, à l’île d’Anticosti, par exemple, protège une tourbière sur dépôts calcaires en milieu maritime. D’autres, comme la réserve écologique du Pin-Rigide et la réserve écologique du Micocoulier, en Montérégie, préservent des plantes et des animaux rares ou uniques au Québec. Plusieurs renferment des milieux représentatifs d’ensembles écologiques et de paysages telles les réserves écologiques du Lac-Malakisis, au Témiscamingue, de Tantaré, près de Québec, de l’Île-Brion, aux Îles-de-la-Madeleine, et de Ristigouche, dans la vallée de la Matapédia. Enfin, une réserve écologique comme celle de l’Île-aux-Sternes, dans le lac Saint-Pierre, permet de suivre la reconstitution de milieux naturels.
Pourquoi conserver des territoires à l’état naturel?
Conserver un territoire dans son état naturel, c’est affirmer la prédominance de ses valeurs biologiques et écologiques sur son potentiel d’exploitation, d’aménagement ou de mise en valeur à des fins économiques. En fait, lorsque nous constituons une réserve écologique, nous prenons une police d’assurance en faveur de notre patrimoine naturel.
L’être humain est le principal utilisateur de l’environnement. Très peu de milieux naturels ont échappé à ses diverses interventions: chasse, pêche, loisirs, exploitation agricole, forestière ou minière, développement urbain, empiétement sur les milieux riverains et aquatiques, assèchement de terres humides, etc.
L’accumulation de ces interventions affecte la diversité biologique et écologique du Québec. En effet, des espèces vivantes, des écosystèmes et des processus écologiques disparaissent. À la longue, des problèmes environnementaux importants surgissent: érosion des sols, appauvrissement de notre richesse faunique, diminution de la qualité et la quantité des espaces disponibles pour le plein air.
Un réseau de réserves écologiques, c’est un rempart contre l’appauvrissement de notre diversité biologique. Chacune d’entre elles devient en effet un échantillon vivant de notre patrimoine naturel soustrait aux perturbations provoquées par l’activité humaine.
Un outil de connaissance essentiel
On connaît peu et mal le fonctionnement des milieux naturels, continuellement agressés par la mise en valeur et les multiples utilisations du territoire. Les réserves écologiques comblent cette lacune en favorisant la connaissance et la compréhension du fonctionnement de ces milieux. Pour une meilleure utilisation du territoire et de ses ressources, c’est particulièrement important.
Les réserves écologiques servent aussi à évaluer de façon comparative les répercussions des activités humaines sur le milieu. En effet, pour connaître l’impact de certaines agressions sur un écosystème, il faut savoir comment il se comporte dans des conditions naturelles. Dans une perspective de conservation et de développement durable, un réseau de réserves écologiques constitue donc le point de référence dont nous avons besoin pour évaluer les effets sur l’environnement des travaux réalisés sur le territoire du Québec.
Une approche de développement durable
Durant les années 1960, les sociétés se sont mises à la recherche de rapports plus harmonieux entre l’être humain et la nature. Soudainement, on se rendit compte que les timides mesures prises pour protéger les milieux naturels n’avaient pas réussi à empêcher la disparition d’espèces fauniques et floristiques et celle de nombreux habitats. On prenait conscience alors que l’équilibre naturel de la planète était menacé et qu’il fallait conserver à l’état naturel des écosystèmes pour préserver la diversité biologique mondiale.
C’est dans ce contexte qu’est né le Programme biologique international (PBI). Institué par la Food and Agricultural Organization (FAO), l’UNESCO et le Conseil international des unions scientifiques, ce programme visait à répertorier les milieux naturels à préserver intégralement et de façon permanente.
En 1974, l’Assemblée nationale adoptait la Loi sur les réserves écologiques pour préserver certaines parties du territoire. Le Québec s’inscrivait ainsi dans un vaste mouvement mondial auquel plus de 50 pays participaient déjà.
Par ailleurs, en 1993, cette loi a été mise à jour pour permettre, notamment, la protection des sites choisis avant qu’ils soient constitués en réserve écologique et pour faciliter les conditions de réalisation liées aux activités de recherche et d’éducation.
Le but principal du réseau des réserves écologiques au Québec demeure, dans un objectif de développement durable, la conservation intégrale et permanente d’échantillons de milieux représentant la diversité de la richesse écologique et génétique de notre patrimoine naturel. En plus de garantir la protection de milieux naturels, les réserves écologiques visent des objectifs de recherche scientifique, d’éducation et de sauvegarde des espèces menacées ou vulnérables de la flore et de la faune.
L’accès aux réserves écologiques est limité aux activités de gestion, de recherche ou d’éducation et doit faire l’objet d’autorisations spéciales qui visent à assurer l’intégrité écologique de ces sites.
Les distinctions principales du réseau des réserves écologiques par rapport aux autres réseaux de territoires protégés (ex.: parcs, réserves fauniques, etc.) sont les suivantes: cadre de référence de constitution axé principalement sur la diversité écologique et biologique; absence d’activités à caractère récréotouristique; gestion très contrôlée de l’accès à des fins très spécifiques de recherche et de suivi environnemental; superficies réduites des sites.